Guide d’entretien des sentiers
Répertoire d'intelligence naturelle
Ce guide d’entretien des sentiers a pour objectif d’établir des normes et de proposer un encadrement pour les différents centres de plein air et particuliers qui souhaiteraient adapter ou bien entretenir des sentiers de vélo de montagne existants. Ce guide peut également servir de base et être à titre indicatif pour toutes personnes établissant de nouveaux sentiers, l’entretien devenant inévitablement nécessaire.
Cet outil prend donc en compte l’ensemble des considérations, mesures et normes prises par Sentiers Boréals dans le cadre de ses activités. Il propose également des solutions concrètes, des standards techniques ainsi que des outils visant à faciliter l’entretien des sentiers, ou bien leurs adaptations, le cas échéant.
En aucun cas, cette démarche ne vise à substituer ou remplacer une norme existante ayant une portée légale. Elle se veut une présentation accessible et rassembleuse des pratiques d’entretien, sous forme d’un guide, des différents standards, lois, normes ou bien règles, le cas échéant.
Optique de développement durable
Sentiers Boréals privilégie une approche qui vise à créer des infrastructures en harmonie avec l’environnement avec lequel ils cohabitent. Dans une optique de développement durable, les sentiers misent donc sur le développement économique des régions par la mise de l’avant du plein air comme activité sociale qui sensibilise la population à l’environnement.
Démocratisation de l’accès aux sentiers
Dans l’aménagement et dans l’entretien des sentiers sur lesquels Sentiers Boréals travaille, une éthique de démocratisation des sentiers est maintenue. Dans l’optique de créer une offre de service pour tous les usagers, débutants et usagers plus avancés, l’entreprise vise à proposer des solutions d’aménagement des sentiers comme telles. Il est important d’offrir la chance à tous les usagers de pratiquer la discipline dans des sentiers adaptés à leur calibre et qui permettaient à tous une progression.
Sécurité des usagers
Dans cette même optique de la démocratisation de l’accès, il est important pour Sentiers Boréals que les pistes de vélo de montagne correspondent aux normes relatives à la classification des sentiers. À ce sujet, les normes suivies correspondent à celles établies par Vélo Québec en 2015, dans un esprit de conformité à travers les différents réseaux. Ce faisant, l’entreprise mise à clarifier la distinction entre les calibres de sentiers et, par le fait même, à assurer la sécurité des pratiquants. Si les usagers ont une meilleure compréhension de ce qu’un niveau de difficulté implique, ils pourront, par la suite, faire des choix plus informés et raisonnés quant à leur pratique personnelle du sport.
Gestion des risques
Dans le domaine des activités récréo-sportives, telles que le vélo de montagne, la gestion des risques constitue une base essentielle pour garantir la sécurité, le bien-être et l’expérience des adeptes. Lorsqu’il s’agit de s’engager dans un réseau de sentiers, notamment ceux qui sont implantés en régions plus éloignées, l’identification et la réduction des risques liés au terrain revêtent une importance capitale. Comprendre les dangers inhérents et les risques potentiels associés à différents terrains est essentiel pour élaborer des stratégies efficaces de gestion des risques. En menant des inspections récurrentes, en mettant en place des mesures de sécurité appropriées et en fournissant des communiqués informatifs aux utilisateurs quant aux conditions des sentiers, la gestion des risques peut établir un cadre solide pour minimiser l’occurrence et l’impact des risques liés au terrain.
Avant de débuter des travaux d’entretien, il est important de considérer l’ordre dans lequel ceux-ci doivent se dérouler. D’abord, une inspection des sentiers et une priorisation des travaux à faire doivent être effectuées. Cette planification des travaux permettra de dresser une meilleure vue d’ensemble sur l’état du réseau et de maximiser leur rendement. Ensuite, le temps des travaux venu, il faut sécuriser le chantier afin d’éviter la présence de cyclistes. Si les travaux sont majeurs et que le sentier pose un enjeu à la sécurité des usagers dans l’état où il se trouve, celui-ci devrait être fermé dès la fin de son inspection. Pour donner suite à ces étapes, les travaux préalablement établis peuvent s’ensuivre. Enfin, au terme des travaux, il est important de s’assurer de la propreté du site : aucun débris ou déchet ne devrait rester.
Afin de maximiser les efforts mis au sein du réseau, il est pertinent de maintenir un journal de bord, une trace écrite et photographique des différentes problématiques et des travaux effectués. Au fil des saisons, ce compte rendu permettra de valider la durabilité du sentier et des différentes maintenances effectuées pour, finalement, permettre aux responsables de prendre des décisions éclairées quant à l’évolution du réseau.
En considérant l’impact que peut avoir un entretien régulier sur la vie utile d’un sentier, c’est un pari pour l’avenir qui est fait. Investir un peu plus de temps chaque jour dans un sentier ou un réseau ne fait pas seulement préserver l’actif, mais contribue à faire croître une communauté d’utilisateurs qui revendique et promeut certainement la qualité et le potentiel de ce sentier ou de ce réseau. Bien que cela sorte du cadre d’un entretien standard, il est bien d’être à l’écoute de la communauté pour éventuellement modifier et/ou convertir un sentier apprécié pour en faire une nouvelle signature qui saura raviver de vieilles sections.
À cet égard, l’équipe de Sentiers Boréals est toujours disponible pour entendre vos idées et votre vision.
L’inspection de l’ensemble des sentiers devrait se faire, dans l’idéal, de manière bimensuelle. Un calendrier saisonnier d’inspections et d’entretien est recommandé pour assurer le maintien de la qualité des sentiers. De plus, l’évaluation, puis la maintenance des sentiers devraient être faites selon la classification de ceux-ci. En effet, afin d’assurer la sécurité et l’expérience des usagers, il vaut mieux prioriser les sentiers les plus utilisés, qui correspondent généralement aux cyclistes de niveau intermédiaire. À ce niveau, les adeptes de la discipline font encore beaucoup d’apprentissages et deviennent de plus en plus téméraires, sans être toutefois bien doués pour atténuer ou éviter une chute. Il est donc important de leur offrir des sentiers bien balisés, dotés de corridors de sécurité dégagés et dont la surface de roulement est propre et adéquate. Pour des cyclistes plus néophytes ou expérimentés, les risques liés à leur pratique sont tout aussi importants et à prendre en compte, mais si la faible vitesse permet de bien anticiper une défaillance du sentier ou bien, les capacités techniques très développées permettent d’anticiper ou de minimiser l’impact d’une défaillance. Ainsi, on établit un ordre de priorité à travers le calendrier de maintenance, balancé entre les inspections ponctuelles et inattendues.
Printemps / ouverture de saison
Dès la fonte des neiges, une première évaluation du terrain devrait être effectuée afin d’établir les dégâts hivernaux, en particulier lorsque les sentiers ne sont pas prêts à être ouverts au public, par exemple le printemps suivant une construction en automne. Les cas de figure les plus courants sont un effritement du terrain ou du sol environnant, tout comme la formation de rigoles ou de creux au sein des sentiers, ainsi que des dommages ou déplacements de structures construites. Cette même érosion peut avoir exposé différents obstacles au sol (souche, racines, roches, etc.). Le sentier pourrait donc nécessiter un nouveau surfaçage. Un nettoyage standard de la piste (retirer les obstacles, dégager les branches et les arbres, etc.) ou davantage serait ensuite de mise, selon la gravité.
Été / en saison
Au moment où la végétation existante sur le site atteint son plein déploiement, une seconde inspection du réseau serait de mise. Cette fois-ci, il s’agit plutôt de valider la lisibilité des pistes. Celle-ci passe par la signalisation, alors qu’il est nécessaire de s’assurer que leur visionnement n’est pas obstrué par de la végétation et que leur couleur se dégage suffisamment du reste du paysage. Après, il est important de dégager le sentier lui-même, afin de s’assurer que les usagers arrivent bien à lire la direction que celui-ci prendra. En plus, il faut être vigilant aux nouvelles branches susceptibles de tomber qui pourraient être trop proches du sentier et le rendre moins sécuritaire. Enfin, il est pertinent de valider les corrections faites suite à la visite printanière. Les structures construites devront être inspectées avant tout événement public majeur et aux 2 mois ou 5000 passages environ.
Suite à des conditions météorologiques exceptionnelles
Après une pluie ou un orage violent, par exemple, les sentiers et infrastructures peuvent avoir été fortement endommagés. L’évaluation se fera alors par une vue d’ensemble des arbres et branches qui pourraient être tombés dans le sentier. Aussi, une vérification des différentes structures comme des ponts, passerelles ou bien d’autres modules techniques construits pour s’assurer qu’ils n’ont pas subi de dommage compromettant la sécurité des cyclistes.
Les événements suivants motivent une inspection complète du réseau:
- Coup d’eau majeur : incident de pluie forte, soudaine et ponctuelle, de plus de 25 mm en 4 heures ou 100 mm en 24h;
- Quand plus de 3 jours consécutifs de pluie à 15 mm ou plus par jour (menant à une saturation dans le sol qui peut entrainer des dommages puisque l’eau ne s’écoule pas);
- Des tempêtes de vent, tornades ou pointes de vent à 90 km/h et plus motivent une inspection complète des arbres à risque.
Suite à un incident
Dans le but de bien gérer un incident survenu dans un sentier, il est important d’inspecter les lieux pour mieux comprendre les causes ainsi que d’assurer la conformité d’une section. Une évaluation rétrospective de ce genre pourrait révéler une dégradation ou une non-conformité d’un sentier et la prise en charge de la situation par une inspection et potentiellement une intervention, éviterait qu’un autre utilisateur soit affecté. En ce sens, il pourrait être bienveillant de documenter chaque incident en notant les conditions du sentier avant l’incident et après l’incident avec des modifications apportées, et noter pourquoi aucune modification n’a été apportée le cas échéant.
Suite à des commentaires
Une évaluation de la section est nécessaire lorsque les usagers ou des membres de la patrouille évoquent des problématiques quelconques. Ces commentaires peuvent être mentionnés directement au personnel du centre de plein air, mais apparaissent parfois sur les médias sociaux ou sur des applications cyclistes comme Trailforks. Il est important d’être vigilant à ceux-ci afin de ne pas laisser aller des dégâts ou problématiques trop longtemps. Le fait d’être mis au courant d’un défaut et de ne pas l’adresser constitue un manquement au principe de diligence raisonnable, aussi appelé «devoir de bon père de famille» et utilisé dans le cadre d’une poursuite.
Consigner les inspections pour mieux documenter l’évolution du réseau de sentiers
Les inspections doivent être consignées dans un registre facile à consulter, afin de maintenir une traçabilité historique de ceux-ci. Un document papier est la forme la plus rudimentaire et peut se révéler un format facile d’utilisation sur le terrain, pour ensuite faire organiser les informations recueillies lors des inspections dans un classeur web tel que Google doc. Dans certains cas particuliers, les données recueillies serviront à améliorer le tracé, ou des constructions. Encore ici, la traçabilité des interventions contribuera à apaiser les craintes du CA et/ou des assureurs.
À ce sujet, Sentiers Boréals propose un barème de base pour faciliter les inspections et les interventions con-cernant des problématiques récurrentes dans les sentiers, qui peut être utilisé à différents moments de la saison suivant le calendrier d’inspection présenté ci-dessous. (télécharger le PDF)
Certaines problématiques sont reconnaissables par des signes physiques précis. Il est dans la plupart des cas facile de connaître les méthodes d’intervention pour éliminer ou atténuer les risques qui s’y rattachent. En parallèle, bien savoir prioriser les interventions peut rapidement devenir un facteur déterminant dans la fluidité et l’efficacité des opérations entourant l’entretien des sentiers. Une gestion inadéquate ou mal planifiée des risques encourus dans un sentier pourrait rapidement aggraver une problématique pouvant avoir été jugée non urgente initialement. À ce sujet, le classement des niveaux d’urgence et d’importance de problématiques peut se décupler en quatre échelons :
Problématique majeure/urgente (A)
- Grande érosion > 10 cm de profondeur
- Arbre tombé à travers un sentier
- Structure brisée
Problématique majeure/non urgente (B)
- Arbre mort au-dessus d’un sentier
- Structure endommagée ou instable
- Transition de saut à rectifier
- Filtre de début de sentier à rectifier
- Érosion marquée > 5 cm de profondeur
- Surface de roulement inadéquate (sable, eau, boue, etc.)
Problématique mineure/urgente (B)
- Manque ou bris d’une planche d’un pont ou d’une passerelle
- Sortie et entrée d’eau bloquée
- Signalétique manquante
Problématique mineure/non urgente (C)
- Faible érosion < 5cm de profondeur
- Sortie et entrée d’eau encombrée
- Perte de clarté des corridors de sentier
- Signalétique endommagée
- Manifestation d’une ligne de désir dans un sentier
Problématique d’écoulement des eaux
Au fil des saisons et des années d’utilisation, la morphologie d’un sentier se transforme et se voit parfois affectée par l’écoulement et l’accumulation d’eau, et ce, même si une gestion complète des eaux a été faite lors de la conception initiale. Généralement, une correction mineure de raclage et d’enrochement suffit pour remédier à une problématique de cet ordre, dans la mesure où elle est repérée rapidement dans le processus de détérioration d’un sentier. Afin d’éviter les écoulements d’eau ravageurs et les accumulations trop importantes, il est nécessaire d’observer et de prendre en compte deux facteurs, soit la pente latérale d’un sentier ainsi que la pente longitudinale.
Problématique d’érosion de surfaces et d’obstacles
Dès la mise en fonction d’un sentier de vélo de montagne, le processus d’érosion s’enclenche progressivement selon différents facteurs aggravants. D’abord, le degré d’exposition d’un sentier selon la composition du sol, la canopée et la pente moyenne est un facteur déterminant pour bien connaître et prévoir les entretiens. Plus un sentier est exposé, plus il se détériore rapidement à la suite d’intempéries ou simplement au fil des saisons. Également, le niveau d’utilisation d’un sentier fait grandement varier la fréquence des entretiens et doit être connu des administrateurs. Un sentier peu fréquenté verra son corridor perdre de la clarté au fil du temps, alors qu’un sentier bien apprécié de sa clientèle sera victime d’une érosion plus importante à surveiller.
Lorsqu’un sentier est victime d’intempéries majeures et se voit couvert de crevasses à sa surface, il est important d’effectuer un travail de raclage en profondeur pour éliminer toutes traces des coulées d’eau. Ainsi, à l’aide d’un râteau, la première étape consiste à scarifier le sol partout sur la surface affectée, et ce jusqu’à la même profondeur que les crevasses elles-mêmes. Cette façon de faire empêche l’eau d’affecter le sol aussi violemment une seconde fois en empruntant les mêmes coulées formées. Ensuite, que l’on se trouve dans un virage ou un obstacle tel une bosse simple, le même processus s’ensuit. Afin de redonner sa forme initiale à l’obstacle, le matériel scarifié doit être étendu sur la surface en effectuant des mouvements de bas en haut du virage ou de l’obstacle, donnant de la sorte une forme plus définie et prononcée à l’obstacle.
La priorisation des interventions d’entretien dans un réseau de vélo de montagne repose sur l’évaluation des impacts potentiels des problématiques, de leur précarité et du délai d’intervention requis. En ce sens, il est essentiel de tenir compte en priorité des problèmes présentant un risque immédiat pour les cyclistes et nécessitant une action urgente. De plus, il est important de traiter rapidement les problèmes susceptibles de s’aggraver et de causer des dommages plus importants sur le sentier lui-même. En établissant une échelle de priorité en fonction de l’importance de chaque problématique, les responsables peuvent garantir des interventions efficaces pour maintenir la sécurité et la qualité des sentiers.
La révision de l’état d’un sentier constitue une occasion de valider sa conformité aux normes de classement de Vélo Québec (2015). Dans une optique de cohérence au sein des différents centres de plein air à travers la province, Sentiers Boréals base son évaluation des sentiers de vélo de montagne sur cette classification. Elle propose des normes générales et concrètes aisément applicables et respectables par les concepteurs et par les centres de vélo eux-mêmes.
Les inclinaisons, ou bien les pentes correspondent à la différence entre deux points d’élévation pour une distance donnée. La pente moyenne correspond donc à cette différence sur toute la longueur de la piste. La pente maximale correspond à la section où cette proportion est la plus accidentée. Ceci ne représente souvent qu’une courte section de la piste.
Au niveau des surfaces, on adresse plutôt leur fermeté et stabilité. Il est donc question du compactage, de la suffisance du système de drainage, mais aussi de la présence de roches meubles ou d’autres obstacles naturels comme des racines. Contrairement aux pentes par contre, certaines contraintes que posent les surfaces ne sont permissibles dans aucune classification et devront donc être palliées par des travaux d’entretien.
Les obstacles comprennent les roches, racines et tous autres éléments naturels causant des irrégularités importantes dans une piste. Puis, les modules et passerelles comprennent tous les obstacles construits à franchir et qui posent un défi technique.
La conception des sentiers n’ayant pas toujours été bien réalisée ou le terrain existant et les besoins ayant évolué au fil des années, il peut être nécessaire de détourner une section de sentier. Plusieurs raisons peuvent justifier le besoin de dévier un sentier, notamment :
- Si les solutions de drainage ne suffisent pas à rendre le sentier sec et praticable;
- Si l’inclinaison du sentier dépasse les 15 à 20 % et qu’il démontre des problèmes d’érosion et d’effritement du terrain;
- Si le terrain plat ou marécageux empêche une gestion des eaux stagnantes;
- Si le passage cycliste endommage l’environnement avoisinant;
- S’il y a d’importantes traces d’érosion dues aux usagers (dues à un manque de fluidité de la piste);
- Si les caractéristiques de la piste ne correspondent pas à la bonne classification de sentiers;
- Si des lignes de désir sont plus populaires que le sentier même;
- Et si les usagers contournent toujours tous les obstacles, causant un élargissement de la surface praticable.
Lorsque le choix est fait de détourner le sentier, différents aspects sont à prendre en considération. D’abord, il est essentiel d’informer les usagers du centre des raisons pour lesquelles la piste est fermée en plus de s’assurer que cette fermeture est clairement indiquée. Suivant l’ouverture du passage alternatif, il peut être pertinent de revégétaliser la section délaissée. Ce faisant, on s’assure que les usagers n’iront plus dans l’ancien chemin et on pallie le déboisement fait pour laisser place au sentier révisé.
Par la suite, pour assurer le succès de cette transition et de ce nouveau segment, il est essentiel de s’assurer que la section sera appréciée et correspondra au niveau d’habileté de la clientèle visée par ce sentier. En plus, cette création constitue une opportunité d’ajouter un défi technique ou une caractéristique qui était peut-être préalablement absente du réseau. De cette manière, le segment sera plus intéressant que celui qu’il remplace.
Par ailleurs, il est important de s’assurer que la transition entre l’ancien et le nouveau segment se fasse naturellement et subtilement. L’intersection créée devra intuitivement porter l’usager en empruntant le nouveau chemin. On procède à ceci en redirigeant la signalisation, mais aussi en s’assurant d’une uniformité entre le nouveau chemin et celui existant, notamment par le surfaçage.
Puisque la signalisation se fait à l’aide de panneaux et de balises, il est important de s’assurer qu’elles soient aisément visibles et comprises par tous les utilisateurs. La signalisation indique plusieurs choses, notamment l’entrée du sentier, mais aussi différentes règles relatives à l’utilisation ou des avertissements liés à des obstacles. Pour de plus amples informations concernant les spécificités générales d’une signalisation adéquate, il est possible de se référer au Guide de classification des sentiers de vélo de montagne de Vélo Québec (2015).
Bien que la signalisation soit un élément tout de même simple et logique de la planification d’un réseau de sentiers, certains facteurs de design anodins peuvent contribuer à rendre un réseau difficile à utiliser ou au contraire, extrêmement fluide :
- Augmenter la récurrence de la signalisation
- Éviter les contradictions ou les répétitions inutiles
- Créer des HUB ou des points de repère
- Positionner la signalisation dans le champ visuel
- Identifier des points de repère « Vous êtes ici » sur des cartes d’ensemble
- Standardiser et unifier les types de signalétique
Une signalisation adéquate n’est généralement pas ce qui est réfléchi dans un bureau. Pour confirmer, infirmer ou complémenter une signalisation, il est primordial de tester et d’utiliser le réseau plusieurs fois pour dénicher les confusions et pouvoir ensuite réagir face à celles-ci. L’utilisateur voit rarement les sentiers du même œil qu’un concepteur, lui qui est parfois sous l’effet de la fatigue, du stress ou bien de l’adrénaline. Plus un réseau de sentiers possède une signalisation à la fois simplifiée et élaborée, plus la circulation s’y fera efficacement et agréablement.
Afin d’assurer la longévité et la durabilité des sentiers, il est essentiel de comprendre le type de sol existant sur le site et ses caractéristiques physiques propres. D’une région à l’autre, il peut y avoir une importante variation du sol, ce qui impacte la réflexion autour des aménagements, mais aussi des stratégies de drainage. De manière générale, il existe trois particules différentes: le sable, le limon et l’argile. Les types de sols sont identifiables à l’œil nu par différents tests. Le plus commun, le test de rubanage, consiste à humidifier une poignée de terre et d’en former un ruban. En fonction du type de sol, le ruban de terre se tiendra ou pas.
Propriétés du sol à considérer pour tout aménagement
Afin de préserver l’intérêt des usagers et de maintenir la sécurité du site, l’entretien du centre est nécessaire. Celui-ci peut passer auprès de bénévoles et d’organismes locaux, mais cette stratégie n’est pas garante d’un travail bien fait et rapide. Par contre, il demeure plus économe. À l’inverse, les travaux peuvent être faits par une main-d’œuvre permanente ou contractuelle au centre. En engageant une main-d’œuvre qualifiée et formée, une certaine garantie du travail s’ensuit. En plus, un suivi plus fréquent et précis est fait, ce qui assure la propreté et la sécurité du réseau.
La fréquence de la maintenance est influencée par différents facteurs, qui peuvent parfois se manifester de manière plus importante simultanément ou à des moments distincts. Ainsi, plus les facteurs sont importants et récurrents, plus le temps de maintenance des sentiers sera élevé, faisant parallèlement gonfler parfois rapidement les coûts d’entretien.
Les sentiers d’accès, ainsi que ceux de calibre facile et intermédiaire nécessitent davantage d’entretien que les sentiers plus difficiles, puisque leur surface est plus travaillée (pierre concassée par exemple) et qu’elle est moins tolérante à la présence d’obstacles. Ainsi, le type d’infrastructures présentes au réseau influence l’entretien total. En plus, la présence de passerelles, ponts, belvédères et des modules construits nécessitent des vérifications plus approfondies. Leur présence impacte alors également le temps d’entretien.
Par ailleurs, plus l’achalandage est élevé, plus les sentiers nécessitent du travail. Après, si l’entretien est trop régulièrement dû à l’usage, il se peut que le réseau soit trop petit pour la population utilisant le réseau. Alors, une extension du réseau peut être envisagée.
Afin de bien réaliser les travaux d’entretien, différents outils spécialisés sont recommandés. Quoiqu’ils ne soient pas nécessairement requis, ils permettent une précision et une rapidité de travail plus importantes. Une liste plus exhaustive d’outils et d’équipements existe pour la conception et la construction de sentiers.
Ici, seulement les outils spécialisés et pertinents à la maintenance ont été relevés: https://www.velo.qc.ca/wp-content/uploads/2020/01/montagne-fiches-outils.pdf.
Lors de travaux, il est également important de penser d’abord à sécuriser et à bien identifier le secteur de travail. La fermeture du sentier sujet aux travaux doit impérativement être faite avant le début de tous les ouvrages afin d’éviter des accidents.
Sécurité et vigilance
Dans tous les cas, l’usage des outils, mécanisés ou non, doit se faire de manière sécuritaire. Les travailleurs doivent s’assurer de travailler pour autrui. C’est-à-dire qu’ils doivent porter attention à leurs collègues dans le but de maintenir la sécurité de tous. Les différents réseaux et centres de plein air ont des règles et normes de sécurité préétablies que les travailleurs doivent respecter. Par ailleurs, le port de pantalons et de bottes de travail est obligatoire en chantier. Après, le port de lunettes de sécurité, d’un casque et de gants peut devenir obligatoire selon les outils utilisés.
Il est également important d’être vigilant aux traces laissées par les outils de travail. Les différents équipements, qu’ils soient mécanisés ou non, doivent être utilisés avec précaution et soin afin de ne pas endommager inutilement l’environnement du sentier. Après tout, si le paysage n’est pas agréable autour du sentier, celui-ci ne sera pas attrayant.
Équipements suggérés
Si un réseau souhaite construire une équipe d’entretien permanente de deux personnes en saison estivale, voici la liste minimale des outils suggérés :
- (1) VTT (4 roues) avec banc de passager et équipement de protection individuelle conforme à la norme
- (1) remorque pour VTT
- (1) scie à chaine de petit format et équipement de protection individuelle conforme à la norme
- (1) débroussailleuse forestière avec lame et fil
- (1) scie télescopique
- (2) souffleurs à feuilles dorsaux
- (1) kit d’outils sans fil (perceuse, impact, scie césar, rectifieuse)
- (2) pelles rondes
- (2) bêche Rogue 70H et (1) lime plate
- (2) râteaux à gravier
- (4) chaudières 5 gallons
- (2) sécateurs (Fiskar à engrenage)
- (2) marteaux
- Une réserve de clous 4 po vrillés, 6 po vrillés vi 4 po, tire-fond de différents formats
- (2) masses 8lb
- (2) rubans à mesurer 8 m/25pi
- (1) équerre rapide
- (2) pry bar (pinces monseigneur) de 60 pouces/18lbs
- (1) clinomètre avec degré et pourcentage
- Outils d’entretien mécanique de base (kit complet de douilles, Wescott, pinces, tournevis, dégraisseur, etc.)
- Ruban de balisage (rose à pois noirs)
- Ruban « danger»
- Pancarte « Sentier fermé – travaux en cours »
- Une trousse de premiers soins complète + Épipen
Lors de l’entretien des sentiers et même du développement de réseaux cyclables, différentes considérations environnementales sont à prendre en compte.
Abattage et coupe
De manière générale, il est recommandé que le sentier ait un dégagement vertical de 2,5 m de hauteur à partir du sol. Au fil des saisons, les branches des arbres peuvent donc empiéter sur ce dégagement et des coupes sont alors nécessaires. Pour des petites branches ou des arbustes, les risques sont faibles pour l’élagueur. Toutefois, lorsque des branches plus massives ou des arbres sont en jeu, il est primordial de détenir une certification CNESST de maniement de scie à chaîne et un équipement de protection approprié, davantage élaboré dans la prochaine section de ce guide. Afin de ne pas endommager l’arbre suite à une coupe, il est important de faire celle-ci de manière appropriée.
Une telle coupe permettra à l’arbre de bien cicatriser et évitera des infections qui, elles, entraîneront éventuellement la mort et donc la coupe totale de l’arbre. Les coupes sont à faire seulement lorsque la sécurité des usagers est en jeu. Autrement, il est primordial de préserver l’intégrité de la nature environnante au sentier. Lors de coupes d’arbustes, d’arbres et d’arbrisseaux, il est important de ne pas seulement couper tout près du sol. En effet, le système racinaire en place pourrait, avec l’érosion du sol, ressurgir et devenir un obstacle important dans le sentier. Lorsque possible, le retrait des souches et des racines est à faire. Après, le trou laissé derrière doit être comblé et nivelé. Suite aux différentes coupes, il est possible de laisser les débris sur place. Cependant, ceux-ci doivent être placés à au moins 3 m du corridor par souci de propreté et de dégagement du sentier. Les racines et démarcations de coupe devraient être placées vers l’extérieur du sentier, afin de minimiser les traces visuelles du travail fait.
Espèces menacées ou vulnérables
Au Québec, la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables protège celles-ci de toute exploitation et vise à protéger leur habitat respectif. Selon la région dans laquelle les travaux sont effectués, il peut exister une règlementation supplémentaire quant à la protection de différentes espèces florales et fauniques menacées ou bien vulnérables. À ce sujet, une carte interactive du Québec listant et localisant les espèces menacées ou vulnérables, existe sur le site du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec
Certaines listes existent également pour des régions et villes précises. Pour la préservation de l’écosystème où se trouve le réseau, il est primordial de préserver ces espèces. Avant le début de tous travaux, il est pertinent de s’informer sur la présence de telles espèces et de la règlementation à leur sujet.
Il est également bon de savoir que l’autorité en place ne voudra pas toujours divulguer de l’information quant à la localisation ou la présence de certains peuplements, surtout floraux. Des espèces comme l’ail des bois sont sujettes à une exploitation qui met à risque leur existence. Ainsi, si une autorité en place s’oppose à un tracé précis, elle peut vouloir protéger de la vue humaine une population en voie de disparition.
Espèces envahissantes
Une espèce envahissante en est une espèce florale ou faunique qui, une fois introduite dans un environnement, s’établit et se propage tellement qu’elle met à risque la survie des espèces indigènes de l’écosystème.
Selon la région, différentes espèces florales ou fauniques sont à considérer. Dans le cas des espèces florales, il est important de s’assurer que les différents outils utilisés sont nettoyés d’un chantier à l’autre afin d’éviter le transport de fragments. Aussi, s’il y a présence d’une espèce envahissante au sein du réseau, il est pertinent d’éliminer les spécimens pour éviter leur propagation. Suite à l’excavation des spécimens, ceux-ci doivent être évacués vers un site d’enfouissement. Après, il est préférable de planter une espèce locale là où l’espèce envahissante se trouvait afin d’éviter que cette dernière ne reprenne place.
Du côté des espèces fauniques, leur gestion est moins prenante. Cependant, il est important de demeurer vigilant aux insectes envahisseurs comme l’agrile du frêne ou le scarabée japonais. En effet, avant de transporter des outils, de la machinerie ou même du matériel (surtout du bois) dans le réseau, il est essentiel de s’assurer de leur propreté et de leur provenance. Souvent, ces insectes proviennent du Sud et adviennent dans des régions plus nordiques par leur transport dans de tels contextes. Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs propose d’ailleurs différentes méthodes pour prévenir l’introduction et la propagation des espèces exotiques envahissantes
Sur le même site web, on retrouve également la liste des espèces envahissantes au Québec
Enfin, il faut également être vigilants à la propagation des bactéries, champignons et maladies pouvant affecter les arbres et la nature environnante. C’est en autres pour cette raison qu’il est nécessaire de bien nettoyer les outils avant chaque coupe et avant d’entrer dans un nouveau chantier.


Milieux humides et cours d’eau
Si les travaux d’entretien s’approchent ou traversent un milieu humide ou bien un cours d’eau, il est important de protéger celui-ci de toute sédimentation et de matériel quelconque. En aucun temps, la machinerie ou les outils mécaniques ne peuvent venir en contact direct avec ces milieux. Il est possible de les traverser avec un véhicule tout terrain, par exemple, mais il est nécessaire de les protéger en tout temps pour éviter leur contamination.
Changements climatiques
Dans le monde du plein air et des sentiers en milieu naturel, le climat est un facteur intrinsèque au développement et à la préservation de destinations récréotouristiques. La localisation géographique du Québec en fait un territoire encore plus exposé à un climat variable et par le fait même, aux changements climatiques. Depuis les phases de planification, en passant par la construction, pour finalement en arriver aux efforts de préservation et d’entretien, les sentiers d’hier conceptualisés selon des conditions climatiques plus clémentes font maintenant face à la même réalité auxquels sont exposés les sentiers d’aujourd’hui. De ce fait, les changements climatiques forcent indéniablement une adaptation dans la manière de concevoir de nouveaux sentiers dans un futur proche et comment les plus vieux sentiers pourront être réaménagés.


En ce sens, il est nécessaire de connaître et de comprendre les différents facteurs pouvant influencer le travail en sentier et d’en parler à tous, ce qui peut faciliter l’adaptation globale de la communauté.
Changements climatiques
- L’hiver peut durer plus longtemps ou démarrer plus tôt
- La chaleur ralentit les chantiers en saison estivale
- Les périodes de sècheresse prolongées demandent davantage d’effort d’entretien
- Les pluies diluviennes sont plus fréquentes et plus ravageuses pour les sentiers
- Les espèces fauniques et floristiques adaptent leurs habitudes et demandent une attention plus particulière des aménagistes et concepteurs pour s’adapter à ces changements
Adaptations aux changements climatiques
- Optimiser et synchroniser chaque saison pour éviter les temps morts et les grandes surprises à l’horaire
- Accommoder les aménagistes et concepteurs avec davantage de services et/ou augmenter les équipes de travail
- Assurer un accès à l’eau et à des équipements de transport d’eau et d’arrosage
- Considérer l’évacuation de l’eau de ruissellement comme facteur déterminant dans l’aménagement de sentier, au même titre que l’expérience de l’utilisateur
- Informer et éduquer les équipes de travail sur les espèces fauniques et/ou floristiques à considérer dans l’entretien ou l’aménagement d’un sentier
Outre ceux préalablement mentionnés, il existe différents permis nécessaires à la réalisation des travaux, ainsi que plusieurs normes et lois à suivre.
Code du bâtiment
Certaines constructions sont contraintes et normées par la Régie du bâtiment du Québec, notamment les garde-corps et des belvédères à certaines hauteurs et grandeurs. Ainsi, les personnes chargées des travaux ont la responsabilité de s’assurer de la conformité des travaux aux normes établies.
Lois sur l’environnement
L’entrepreneur doit se conformer aux lois sur la qualité de l’environnement (LQE) et sur la conservation du patrimoine naturel (LCPN). Relevant de l’autorité du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), ces deux lois sont applicables sur les terres privées et publiques. Les gestionnaires de chantiers doivent s’y conformer et porter une attention particulière à la présence de milieux humides, d’espèces fauniques ou floristiques à statut particulier ainsi qu’au statut d’aire protégée, le cas échéant.
Abattage des arbres et la récolte du bois
Quoique la loi est silencieuse en ce qui concerne l’entretien des sentiers, il peut être pertinent d’obtenir un permis auprès du ministère des
Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) pour des travaux majeurs de coupe d’arbres. En effet, toute récolte de matière ligneuse, arbres, arbustes, arbres morts ou repousse doit faire l’objet d’une demande de permis.
Par la suite, toutes les coupes et tous les travaux doivent correspondre à norme BNQ 0605-200 sur l’entretien arboricole et horticole. Cette norme comprend des considérations quant à la taille, l’élagage, l’abattage et l’essouchement.
Autorisations requises sur terres publiques ou privées
Selon la juridiction du territoire et le mandat des acteurs responsables de l’entretien, différentes autorisations peuvent être requises. Normalement, celles-ci sont prises en charge par l’autorité responsable du réseau. Sur les terres publiques, un droit d’utilisation est octroyé par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec (MFFP) et par les organisations municipales concernées. En terres privées, l’autorisation des propriétaires ou des gestionnaires est requise.